Transmission intergénérationnelle…
Citation / Zitat :
« Jede Provinz liebt ihren Dialekt: denn es ist doch eigentlich das Element,
in welchem die Seele ihren Atem schöpft »
Johann Wolfgang von Goethe
Éditorial / Leitartikel:
Oubliée la langue allemande, oubliée sa transmission…
Né dans l’immédiate après-guerre, je fais partie de la génération biberonnée à la langue allemande, langue historique de notre région mosellane, mais une génération qui en a « oublié » l’usage, comme langue de communication au quotidien, sauf avec la génération des parents et grands-parents.
Si la politique assimilationniste nationale est sans doute prégnante dans l’explication, le trauma de la guerre n’y est à l’évidence pas étranger et l’acquisition du français au cours préparatoire a pu aussi être ressentie (ce fut mon cas) comme une émancipation linguistique, culturelle, sociale…
Oubliée donc la langue allemande comme outil de communication, (un outil qui ne s’use que si l’on ne s’en sert pas…) mais oubliée également sa transmission aux générations suivantes pour qui l’allemand est devenue une langue étrangère, (ou, au mieux...) la langue du voisin.
Oubliée la transmission pour des raisons que nous considérions (sans doute, au fond de nous-mêmes) comme éthiques et philosophiques : ne fallait-il pas privilégier l’apprentissage de l‘anglais, langue des libérateurs, à celui de l’allemand, langue des incendiaires… ?
Si personnellement, je me remémore des mélodies et textes de chansons allemandes entendues au bal de la fête du village, je me suis éclaté ensuite aux rythmes des Beatles, des Stones...
Puis il aura fallu quelques années pour qu’une prise de conscience apaisée et distanciée permette l’engagement des plus convaincus en faveur de l’enseignement renforcé de l’allemand à travers la création des premières classes-euro, puis Abibac…
Une relance de la transmission, mais pour quel futur ?
La langue allemande redeviendra-t-elle langue d’usage en territoire mosellan ? C’est tout à fait inenvisageable aujourd’hui.
Langue de culture et langue à vocation transfrontalière seraient les perspectives les plus réalistes.
Et il nous faudra, dans la sphère associative, éducative, politique,... redoubler d’efforts pour conserver le patrimoine linguistique et culturel et dessiner un futur bilingue qui ne pourra être que transfrontalier et transnational.
En nous adressant prioritairement aux jeunes générations !
Y a du boulot…
Léon Dietsch