EDITORIAL
Voltaire et Goethe.
Ce début d'année 2015 a été endeuillé par des forfaits abominables dont les motivations prennent racine aux tréfonds de l'obscurantisme et de l'intégrisme.
Mais des foules immenses, françaises, allemandes, européennes et non-européennes se sont levées pour défendre la liberté de penser et d'expression, la tolérance et le vivre-ensemble. Héritiers de l'esprit de Voltaire et de Goethe, ils nous invitent à dépasser nos égoïsmes, à franchir nos frontières extérieures et intérieures, à nous ouvrir à l'autre.
« Il y a un degré où […] l'on se trouve pour ainsi dire au-dessus des nations et où l'on ressent le bonheur ou le malheur d'un peuple voisin comme si cela était arrivé au sien. » disait Goethe 1.
Mais les lignes de fracture qui traversent nos sociétés, la tentation du repli ont vite réapparu...
Nous nous trouvons interpellés, chacune et chacun à notre place, pour que l'élan du 11 janvier perdure. Il nous faut, dans notre action en faveur du bilinguisme, puiser la force d'éviter amalgames et stigmatisations et de valoriser ce qu'il comporte comme capacités d'ouverture et d'empathie.
Léon DIETSCH
1 Gespräche mit Goethe in den letzten Jahren seines Lebens [« Entretiens avec Goethe dans les dernières années de sa vie »], par J.P. Eckermann, Cari Hanser Verlag, Mùnchen, 1986, p. 276 (entrée du16 décembre 1828).